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Directeur financier : comptable qualifié obligatoire ? La réponse ici

Un directeur financier sans bagage comptable, c’est un peu comme un pilote de ligne qui n’aurait jamais vu un tableau de bord : possible, mais risqué. Faut-il exiger la science du chiffre ou s’en remettre à l’instinct du stratège ? Derrière cette question se cache un vieux débat qui agite les couloirs des entreprises et fait frémir les experts-comptables : le DAF doit-il forcément être passé par la case comptabilité diplômée, ou peut-il naviguer dans les hautes sphères financières avec pour seul atout une vision affûtée et une solide expérience ?

Entre les dirigeants qui ne jurent que par la rigueur d’un as du bilan et ceux qui préfèrent l’intelligence du business model, la ligne de fracture est nette. Et dans cette brèche, conseils d’administration et cabinets de recrutement s’interrogent, hésitent, avancent à tâtons.

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Le directeur financier : bien plus qu’un simple comptable

Dans la réalité de l’entreprise, le directeur financier (ou DAF) ne se contente plus de veiller à la bonne tenue des comptes ou de compiler des rapports annuels. Son champ d’action déborde largement le cadre de la comptabilité pure : pilotage de la gestion financière, anticipation des risques, structuration des financements, conseils stratégiques à la direction générale, interactions avec le CSE… La fonction s’est métamorphosée, portée par la digitalisation, la multiplication des exigences réglementaires et la pression des marchés.

Exit le gestionnaire cloîtré dans ses tableurs. Le directeur administratif et financier d’aujourd’hui façonne la colonne vertébrale de l’entreprise. Il supervise la comptabilité et le reporting, orchestre la transformation digitale (facturation électronique, ERP, cybersécurité des flux), et pilote les équipes : du chef comptable au contrôleur de gestion, chacun s’inscrit dans la dynamique impulsée par le DAF.

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  • Clôture et supervision des comptes consolidés
  • Construction budgétaire, arbitrage et pilotage des investissements
  • Relations avec les banques, négociation des financements
  • Animation et management des fonctions financières

Pas étonnant que le salaire du DAF suive cette montée en puissance : de 70 000 à plus de 150 000 euros bruts annuels, selon la taille de l’entreprise et la complexité des enjeux, et cela peut encore grimper dans les grands groupes internationaux. L’enjeu de la conformité n’a pas disparu : publier des comptes fiables, consolider les états financiers, c’est la base. Mais la force du DAF, aujourd’hui, c’est de savoir être le pilier administratif, financier et humain de la structure.

Comptable qualifié obligatoire : que dit la réglementation ?

Alors, le DAF doit-il impérativement être un comptable qualifié ? La loi laisse le champ libre. Aucune obligation de diplôme, ni de titre spécifique pour accéder à la fonction, que ce soit en PME ou dans un grand groupe. Le fameux diplôme d’expertise comptable (DEC) n’est pas requis pour occuper le poste en interne, et nul besoin d’être inscrit à l’ordre des experts-comptables pour piloter les finances d’une entreprise.

Attention : certaines missions restent le pré carré des experts-comptables. Établir les comptes pour des tiers, certifier des bilans, réaliser l’audit légal : ces tâches sont réservées à ceux qui possèdent le titre et l’inscription à l’ordre. Proposer ses services à l’extérieur ou signer des comptes pour autrui sans ce sésame, c’est l’exercice illégal de la profession d’expert-comptable : le code pénal veille au grain.

  • En interne, la comptabilité et l’établissement des documents annuels peuvent être assurés par tout salarié compétent.
  • Pour toute mission de présentation de comptes pour des tiers, passage obligé par un cabinet d’expertise comptable.
  • La certification des comptes relève exclusivement du commissaire aux comptes.

Les entreprises disposent donc d’une véritable latitude dans le recrutement de leur DAF. Mais gare à ne pas franchir les lignes rouges : pour tout ce qui touche à la publication officielle des comptes consolidés ou à la gestion de contrôles externes, les prérogatives des experts-comptables et des commissaires aux comptes s’imposent.

Quand l’expertise comptable devient-elle indispensable pour un DAF ?

Diriger la gestion financière, superviser la comptabilité, bâtir des budgets et surveiller la performance : voilà le cœur du métier. Mais certaines situations mettent la technique sur le devant de la scène, et là, l’expertise comptable devient une arme décisive.

Quelques cas concrets où un DAF détenteur d’un diplôme d’expertise comptable (ou d’une solide expérience équivalente) est un choix avisé :

  • Consolidation des filiales et publication des comptes consolidés : rigueur et maîtrise technique exigées.
  • Pilotage de missions d’audit menées par un cabinet d’audit externe.
  • Gestion d’opérations complexes : restructurations, fusions, acquisitions, introduction en bourse.

Dans les groupes cotés ou les structures de taille intermédiaire, la compétence d’expert-comptable fait souvent la différence. Posséder un DCG ou un DSCG crédibilise le DAF face aux administrateurs et rassure les investisseurs.

Le parcours du DAF doit donc coller à la réalité de l’entreprise. En forte croissance, la capacité à dialoguer avec les auditeurs, sécuriser chaque étape du reporting, piloter la digitalisation des process, tout cela suppose une technique irréprochable. Miser sur un DAF formé à l’expertise comptable, c’est s’assurer d’une conformité sans failles et d’une gestion robuste des enjeux réglementaires.

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Faire le bon choix pour votre entreprise : critères et conseils pratiques

Pour désigner le directeur financier qui portera votre entreprise, commencez par ausculter vos besoins réels. Un groupe international, soumis à des normes pointues, privilégiera un profil expert en gestion financière et rompu aux systèmes d’information : ERP, digitalisation, facturation électronique, rien ne doit lui échapper.

La polyvalence du DAF se mesure sur plusieurs plans :

  • Maîtrise de la comptabilité ressources humaines et du contrôle de gestion
  • Capacité à piloter la transformation digitale, notamment la facture électronique
  • Expérience en gestion des risques et optimisation de la trésorerie
  • Compétences affirmées en recrutement et management d’équipes hétérogènes

Les cabinets spécialisés, à l’image de Robert Half à Paris, remarquent une montée en puissance des profils capables d’accompagner la croissance du chiffre d’affaires tout en veillant à la conformité, notamment sur la TVA et les nouvelles obligations digitales. Un DCG ou un master CCA (comptabilité, contrôle, audit) ouvre des portes. Mais le diplôme ne fait pas tout : la clé, c’est ce mélange d’expertise technique, de sens du management et de capacité à anticiper les mutations du secteur.

Finalement, choisir son DAF, c’est opter pour ce funambule du chiffre capable de garder l’équilibre entre la rigueur comptable et la vision stratégique. À chacun sa partition, mais pour diriger l’orchestre, mieux vaut savoir jouer juste… et fort.

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